T : Benjamin Branche / Genève – Suisse

Éducateur du Jeune Enfant

J’ai commencé l’aventure qu’est le métier d’éducateur de la petite enfance il y a quelques années maintenant et me suis donné l’opportunité de pouvoir l’exercer dans différents types de structures en Europe et en Asie (foyer, crèches à pédagogie spécifiques, crèches « inclusives », crèche internationale).

Passionné par le développement des jeunes enfants, l’observation  et les mises en place que peut établir un EDE avec toute la sphère qui gravite autour des tout petits, je me suis toujours focalisé sur la façon d’être le plus professionnel possible, tout en gardant ma spontanéité et mon identité.

J’ai pu me rendre compte que plusieurs mécanismes naturels mais malheureusement parfois toxiques, apparaissant fréquemment avec la venue d’un Homme dans la profession.

En effet la méconnaissance du métier d’éducateur en tant que compétences et les représentations qui en découlent amènent des projections qui sont, il faut le dire, peu souvent flatteuses  à l’encontre des Hommes.  Celles-ci sont aussi énergivores pour parents et équipes, qui perdent du temps à re-clarifier les attentes de chacun et à retravailler une professionnalisation ou un lien de confiance parents-structure d’accueil.

Cela soulève divers questionnements :

Qu’est-ce que les parents imaginent d’un professionnel de la petite enfance ? Que connaissent-ils de notre cahier des charges ? Qu’en est-il de  la culture professionnelle de chacun, de son vécu, de son histoire, des attentes ?

Qu’est-ce que l’instinct maternel ? S’il existe et n’est pas un conditionnement sociétal est-il requit pour travailler avec des enfants qui ne sont pas les nôtres ?

Sait-on naturellement être mère en tant que femme et apprend-on à être père ? De même pour un ou une professionnelle ?

Doit-on « aimer » les enfants pour s’en occuper ? Un homme qui « aime bien » les enfants est-il dangereux ?

Pour les professionnels l’arrivée d’un collègue homme peut aussi être déroutante si le cadre n’est pas posé.  On peut paraître un danger pour une évolution de carrière à compétences égales, car historiquement les hommes décrochent plus facilement des postes à responsabilités.

Nous pouvons aussi être considérés comme des séducteurs potentiels ou étiquetés efféminés, parce-que la prise en charge des plus petits nécessiteraient d’avoir une fois de plus, naturellement des qualités stéréotypées « féminines », tel que la douceur, la sensibilité pour ressentir la signification de certains pleurs de nourrisson, ainsi qu’entre autres, la créativité.

Comme les Femmes dans la plupart des autres corps de métiers, J’ai dû un peu plus faire ma place et me forger une posture professionnelle solide pour pouvoir m’exprimer sans craintes et dans un climat sain sur le terrain.

J’ai toujours gardé mes habitudes de formation qui me protègent ainsi que mes employeurs, comme utiliser l’écrit, laisser les portes ouvertes et utiliser des gants lors de soins, ne quasiment jamais être seul.  J’ai toujours dialogué et  été disponible pour les autres, pour que tout le monde puisse exercer ce merveilleux métier et se sentir bien sur son lieu de travail.

Chacun a en soi quelque chose à apporter dans le chemin de vie de ces enfants  qu’on accueille ensemble et avec nos individualités

Ces enfants nous  regardent comme nous sommes et trouvent d’eux même en nous les filets dont ils ont besoin pour être guidés, Hommes et Femmes.

Ce groupe est l’assurance d’une volonté d’une prise en charge de qualité de vos enfants et le reflet d’un des aspects de la mixité qui nous entoure au quotidien. Je remercie chaleureusement Lionel pour son dévouement et sa loyauté et apporte fièrement ma pierre à cet édifice pour aider tous ceux et celles qui auraient besoin d’aide dans ce métier.

Benjamin Branche