
Educateur du jeune enfant et Hypnothérapeute
Je suis éducateur dans le milieu de la petite enfance depuis 2015 et, comme beaucoup d’hommes, ce métier est venu sur le tard. Je trouve que la place des hommes au sein des structures d’accueil de la petite enfance est une chance et aussi un devoir.
Depuis de nombreuses années, je m’intéresse à l’humain dans toutes ses complexités et paradoxes. Je suis convaincu que l’idée même de créer une société plus égalitaire et plus équilibrée commence par la prise en compte du petit humain. Et cela passe, bien-sûr, par un meilleur équilibre et une plus grande réflexion sur ce qui fait vivre les institutions de la petite enfance.
Au sein des crèches, des hommes en action, en réflexion, en nuance et en modernité
L’homme, dans notre société occidentale mondialisée, semble rechercher un nouveau rôle, une nouvelle place ;
L’image de l’homme, dans les archétypes les plus anciens, est tournée vers une virilité exercée avec brutalité et violence et aussi, dans un certain désengagement ou absence au sein de la famille ; avec un certain mépris pour les tâches domestiques et pas mal d’abus de pouvoir sur les plus vulnérables, et tout cela, pour créer une illusion de faire “tenir” cette famille.
L’homme moderne “intelligent” est attendu pour être davantage conscient de ses forces et de ses faiblesses, doux et bienveillant … Non pas pour devenir une seconde mère pour le jeune enfant mais à l’inverse, pour incarner un nouveau mode relationnel, plus souple et plus constructif pour les générations à venir.
C’est de cette manière que j’incarne ma masculinité au sein d’une institution de la petite enfance. Je me sens – enfin – reconnu et légitime dans ma posture professionnelle car j’ai eu la chance de travailler avec beaucoup d’hommes dans ce milieu très féminin. L’identification, essentielle dans tout corps de métier, et surtout l’échange des pratiques entre hommes ont permis de “maturer” cette posture.
Aujourd’hui, je ne laisse naturellement plus les personnes extérieures me questionner sur mon genre en crèche ; je réponds davantage sur ma posture professionnelle et mon expertise en quelque sorte. Et par là même, je normalise ce fait ; ce n’est alors plus un événement mais une réalité … qui n’était pas encore le cas il y a quelques années !
L’homme en action !
L’homme a quelque chose d’extrêmement intéressant à apporter, qui transcende le rôle binaire avec d’un côté, la figure passive de la figure féminine – que j’appellerai “l’être incarné » – et de l’autre, la figure plus active – le “faire valorisé” – de la figure masculine.
De ce point de vue, les figures maternelles et paternelles sont donc totalement remplies par une même et seule personne, et par là, ces rôles sont interchangeables.
En tant que professionnel homme en crèche, j’assume naturellement le fait d’incarner cette “interface-interchangeable”.
L’homme en réflexion !
Le professionnel que je suis porte ses réflexions au quotidien pour que les stéréotypes se transforment au fur et à mesure.
J’y suis grandement aidé dans la structure dans laquelle je travaille actuellement car nous sommes 9 hommes et 24 femmes. Ce qui est très encourageant !
Wow, devrais-je dire !
Cette joyeuse réalité nous enjoint à mettre en mouvement les stéréotypes de genre dans un quotidien, ou la place de l’homme se normalise petit à petit. Nous sommes loin d’une parité parfaite mais le travail fait en ce sens est une réussite et une chance.
Il n’en reste pas moins que ces réflexions sur le genre se cristallisent et hystérisent souvent le débat, au sein de notre société. Et c’est pourtant essentiel de le réintégrer dans le quotidien, en tant que professionnel homme en crèche.
L’homme en nuance !
Facilitateur et encadrant qui invite aux expérimentations, il me semble qu’en tant qu’homme au sein d’une structure de la petite enfance, j’apporte davantage de créativités et montre une voie plus subtile dans la prise en compte éducative de l’enfant, avec un prisme peut-être un peu différent en tout cas.
Quand le staff féminin est sensibilisé aux questions de représentations homme-femme (et de discriminations), les hommes sont alors plus enclins à s’épanouir au sein de la structure et peuvent se sentir fier de parler de leur travail en société.
A nous, hommes en crèche, de se sentir fier d’appartenir à cette nuance normative et d’en faire part plus largement !
Les acteurs et institutions doivent par ailleurs, agir en ce sens et prendre leur part aussi.
L’homme en modernité !
Je pense que la société a un grand besoin d’équité, davantage de partage et plus de bienveillance !
Cela passe par de meilleures répartitions des tâches entre les hommes et les femmes ; une meilleure visibilité des hommes dans les mondes professionnels féminins, et les femmes dans des activités plus genrées au masculin.
L’homme moderne que j’incarne assume cette place dans cet univers féminin, et crée, de par sa nature, une nouvelle norme. Je crois en la force de la simplicité et de la conviction pour que les choses avancent.
Je tiens à remercier tous ces hommes qui agissent dans ce sens avec intelligence !
Merci à vous Pierre Laigle