T : Ivan Godard / France-Suisse

Éducateur du jeune enfant

Après 20 ans d’activité professionnelle dans le commerce, l’administratif et la logistique, j’ai réalisé une reconversion professionnelle en 2008. D’abord auxiliaire de puériculture durant 6 ans j’ai souhaité devenir Éducateur de l’enfance afin de m’orienter concrètement vers un métier social et pour me former plus longuement.

Aujourd’hui éducateur de l’enfance dans un groupe de petit en Suisse, j’ai aussi occupé un poste de responsable de relai petite enfance et je suis formateur pour les étudiants en centre de formation.

Au-delà d’avoir eu l’expérience d’être un père de famille épanoui, mon cheminement personnel est aussi basé sur des désirs professionnels précédemment non aboutis. Ce fut une décision mûrement réfléchie de travailler dans un milieu accueillant de très jeunes enfants. Mes motivations étaient d’exercer dans un contexte social ou médico-social. Avoir un contact bienveillant avec les enfants, leurs parents et les équipes  est un vrai plaisir. J’apprécie aussi de pouvoir «populariser» certaines notions pédagogiques.

Au début, j’avais un peu d’appréhension et puis les inquiétudes se sont vite dissipées. Le personnel féminin nous intègre facilement parfois avec questionnement et surprise mais majoritairement avec enthousiasme. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si un homme pouvait travailler dans ce milieu. Ce sont les « autres » qui vous font remarquer cette « marginalité ».

Prendre soin des enfants n’est pas l’affaire d’un genre, c’est l’affaire de tous et toutes.

La place des hommes dans ce milieu ultra féminisé est à faire afin de contribuer à l’enrichissement mixte des équipes. Pour les enfants, cela leur permet d’être accompagnés par les deux genres comme dans la vie. Notre sensibilité masculine apporte peut être une réflexion différente dans les attitudes à adopter envers les enfants. Pour les familles, cela me parait essentiel afin que le père puisse trouver sa place et/ou la prenne et pour la mère afin qu’elle puisse se voir accompagner par un professionnel détaché des réflexes culturels lié l’attribution des rôles dans la cellule familiale en fonction du genre. . Le miroir que nous leur offrons peut leur permettre de vivre plus sereinement les premières années de la vie souvent teintée de maternage qui relève culturellement de la fonction maternelle.

Je considère ma place d’homme dans ce domaine comme une chance : Une chance pour les enfants de varier les repères identitaires, chance pour les parents quitte à bousculer les représentations liées au genre, chance pour les équipes de gagner en « équilibre » professionnel, chance également pour moi-même de contribuer à l’évolution du métier et des regards.

Ivan Godard